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Fête du travail et temps marial : voici le joli mois de mai !

01-05-2024 23:10

Civitas International

Fête du travail et temps marial : voici le joli mois de mai !

Depuis la plus haute Antiquité, les hommes ont célébré avec le mois de mai une période de réjouissances et d’espérance.

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Depuis la plus haute Antiquité, les hommes ont célébré avec le mois de mai une période de réjouissances et d’espérance. Avec le temps, le christianisme a confirmé la valeur du mois de mai, devenu le mois de Marie. Marquant le début de ce mois, la fête du travail fut instituée le 1er mai 1941.

 

Chez les anciens Romains, l’année était divisée en douze mois dont certains portaient les noms de divinités. L’année commençait le 1er mars et le troisième mois, Maius, était dédié à Maia, déesse de la fertilité. En latin, maius signifie « plus grand », ce qui fait explicitement référence à la croissance de la végétation observée à ce moment de l’année. Comprenant que la manifestation de la fertilité du sol était indispensable à la vie, les Romains assimilaient parfois Maia à bona dea, la « bonne déesse ». 

 

Cette idée de bonté permit sans difficulté aux chrétiens du Moyen-âge de faire glisser par paronomase le nom de Maia vers le mot Madona, le mois de Maia devenant le mois de la Madone puis, le mois de Marie. Au fil du temps, la piété mariale amena les croyants à ériger des autels à Marie et à les décorer de couronnes de fleurs. Associées à la notion de bonheur, certaines pratiques se développèrent à travers des coutumes. Ainsi, on plantait un arbre le premier jour de mai devant la porte de la personne qu’on voulait honorer, et celui ou celle qui s’esmayait en portait un couvre-chef décoré de fleurs !

 

C’est à la fin du XVIIe siècle, en Italie, que la Vierge Marie fut honorée tous les jours du mois de mai à travers un office marial quotidien suivi d’un salut du Saint-Sacrement. Cette dévotion n’atteignit la France que peu avant 1789 et fut brisée par les troubles révolutionnaires. Le 21 mars 1815, elle fut encouragée par le pape Pie VII et prit de l’ampleur à la Restauration. Après 1945, la fête de Marie-Reine fut instituée le 31 mai pour clôturer glorieusement le mois de Marie par le pape Pie XII, mais le deuxième concile du Vatican déplaça cette célébration au 22 août.

 

Pour les catholiques de ce XXIe siècle, le mois de Marie reste un temps de réjouissances qui peuvent être célébrées aussi chez soi, dans le cadre d’un culte privé. Ainsi, nous sommes tous encouragés à élever, chez nous, un petit autel portant une représentation de la Vierge entourée de bougies et de nombreuses fleurs. Des dévotions mariales peuvent être récitées en famille autour de cet autel. Le pape Pie XII soutint cette dévotion dans l’encyclique Ingruentium malorum : « La coutume de la récitation familiale du Saint Rosaire est un moyen des plus efficaces. Quel spectacle doux - le plus agréable à Dieu - quand la maison chrétienne résonne de répétitions fréquentes de louanges en l'honneur de Reine du Ciel ! Le Rosaire doit être récité dans la famille, réunie devant l'image de la Vierge, dans une admirable union des cœurs, des parents et de leurs enfants, qui reviennent de leur travail quotidien. Il les unit pieusement aux absents et aux morts. Les familles se lient ainsi encore plus étroitement dans un doux lien d'amour avec la très Sainte Vierge qui, comme une mère aimante, dans le cercle de ses enfants, leur accordera une abondance de dons de concorde et de paix familiale. »

 

La doctrine sociale de l’Eglise a été élaborée pour réagir à la fois aux abus de l’ultra libéralisme et aux erreurs du socialisme, qu’il soit ou non d’inspiration marxiste. C’est également en réaction contre le capitalisme et le socialisme que la loi René Belin du 24 avril 1941 a instauré en France « la fête du travail et de la concorde sociale ». Le 1er mai correspondant aussi à la Saint-Philippe, la radio ne manqua pas alors de souligner la correspondance entre la fête du travail et celle du Saint patron du Maréchal Philippe Pétain qui était alors chef de l’Etat français. C’est aussi le temps où l’églantine rouge, portée à la boutonnière par des manifestants du 1er mai à la fin du XIXe siècle, fut définitivement remplacée par le muguet dont l’origine remontait à la Renaissance et qui fut symbole du printemps avant de devenir symbole de bonheur.

 

Quant au travail, il ne devint que tardivement un symbole d’émancipation et de progrès. A l’origine, il tire son nom du tripalium, instrument de torture utilisé par les Romains et composé de trois pieux. Le mot fut donc d’abord associé à la souffrance, et ce n’est qu’à la Renaissance qu’il acquit son sens actuel sous l’influence de Clément Marot. Plusieurs sens coexistèrent cependant jusqu’à Vaugelas. Au XIVe siècle, Jean Froissart assimila le travail au voyage, parlant de ceux qui travaillent de royaume en royaume. Dans Mithridate, Racine évoqua « la mort et le travail (la souffrance) pires que le danger ». Madame de Maintenon déclara que « le travail est la meilleure prière des rois ». Cependant, le sens de la souffrance attachée au travail n’a pas tout à fait disparu de nos jours, quand nous déclarons par exemple que nos rhumatismes nous travaillent, ou encore qu’une femme mettant un enfant au monde est « en travail ». Une souffrance qui est alors sublimée.

 

André Murawski

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